HOMMAGE
Gérard,
C’est quand même incroyable, tu as encore réuni
plein de monde autour de toi.
C’est vrai, ça fait quelque
temps que cela n’était pas arrivé à ce point là.
Mais aujourd’hui, tu vois,
nous sommes nombreux à t’accompagner :
- ta grande famille vendéenne, ta
famille franco-québécoise, et aussi beaucoup d’autres qui t‘ont apprécié au fil
des ans :
- des générations d’anciens
élèves, des enseignants, des animateurs, ceux et celles qui t’ont rencontré au
cours des multiples formations que tu as assurées pendant plus de trente
années;
- des bénévoles qui partageaient
ton goût du 7ème art, en particulier à l’époque des ciné-clubs;
- des militants qui croyaient aux
vertus du cinéma et qui, avec ton concours, réalisaient des audio-visuels et
des films témoignages affichant des idées éloignées des lieux communs;
- des auteurs de bande dessinée,
tes complices pendant les festivals et salons, mais aussi pendant les ateliers
pour les jeunes et les adultes.
Gérard, homme aux
multiples talents.
Homme de verbe, tu aimes la
parole et l’écriture. En même temps, tu crois aux pouvoirs de l’image et tu
t’en méfies : tu la traques, tu constitues des dossiers comparatifs pour la
prendre en flagrant délit.
En 1970, à l’A.R.E.A., nous
étions, disais-tu, des « alphabétiseurs audio-visuels ». Nous
essayions de faire connaître, dès l’école, le b.a.ba de l’image car souvent
elle se cache derrière son évidence.
Tes talents, je t’ai vu les
mettre en oeuvre essentiellement au
service des autres,
Tu as aidé de nombreux
projets à voir le jour, personnels et surtout collectifs. Tu es l’homme qui ne
dit jamais « Non ». Même si au départ des projets sont fragiles et
incertains, tu réussis à convaincre et à les concrétiser :
-avec les groupes, tu
affinais le contenu, lançais des idées, faisais des propositions sur la forme,
qu’elle soit visuelle, sonore ou graphique;
- pendant les réalisations,
en écoles maternelles, dans les
collèges et lycées, à l’université, au sein des
associations... ou ailleurs, tu conseillais avec justesse, restant attentif à
l’expression et à la place de chacun.
Dois-je le dire, toutes ces
années tu m’as émerveillé par ta capacité à capter l’attention, à fédérer, quelque soit le groupe, le milieu,
l’âge, en offrant à chacun la possibilité d’intervenir, d’apporter sa
contribution, de constituer un maillon indispensable.
En plus Gérard, tu
séduisais ! Dans les formations, dans
les débats que tu animais. Pas dans le but d’annihiler les échanges, ni de te
mettre en valeur; au contraire ta finalité, je pense, était de rendre plus
perceptibles les observations et les
analyses. Ainsi, chacun pouvait-il repartir avec le sentiment d’être plus intelligent, plus sensible.
Pour tout cela Gérard, on
ne saurait trop te remercier.
Tu laisseras dans nos têtes
des souvenirs forts. Comme à Gilbert Salachas, ton ancien directeur à la
Fédération Nationale Loisirs Et Cinéma. Aujourd’hui éditeur, il traduit son
émotion dans un mail : « J’ai appris avec beaucoup de chagrin la mort de
Gérard. Je l’ai bien connu, il y a assez longtemps, du temps où il assurait à
la Flecc l’animation du service initiation au cinéma dans le scolaire. Je
l’appréciais beaucoup ».
Nous aussi puis-je ajouter.
Gérard est aussi un artiste
créatif dans d’autres domaines : l’illustration, les collages, la sculpture...
C’est un personnage un peu
lunaire, en décalage avec des valeurs contemporaines telles que l’individualisme. « Que le
meilleur gagne » peut vite devenir un slogan stupide. Toi, tu préfères les valeurs de solidarité.
Et puis
« zut », comme disaient les héros dans les vieilles bandes dessinées.
Il faudrait plusieurs tomes
pour tenter contenir « tout Gérard Gourraud », en supposant que cela
soit possible ... et souhaitable.
Malheureusement, çà s’arrête...
Nous allons refermer,
ensemble, l’ultime album.
Et dans celui-ci, le
dernier épisode est un peu court. Trop court.
Tu allais avoir 66 ans,
mercredi prochain, 3 octobre, le jour de
la saint Gérard.
Au revoir à mon ami depuis
plus de 35 ans...
Salut Gérard
Dominique